Notre constat

Après huit décennies de culte de la croissance, nos sociétés productivistes se heurtent à la finitude du monde.

Elles l’ont vidé de ses ressources et rempli de ses déchets : gaz à effet de serre qui causent un changement climatique massif et brutal, pesticides et substances de synthèse qui détruisent le vivant.

Elles l’ont fait sans créer de bien-être pour tous (objectif resté à l’état de mirage), mais en creusant au contraire les inégalités, tant à l’échelle nationale qu’à l’échelle mondiale.

Elles ont créé un monde intolérable où l’humanité, globalement, enfonce toutes les limites planétaires, alors même que pour une grande partie des êtres humains, les besoins de base ne sont pas satisfaits.Un changement radical est nécessaire. Nous approchons de l’époque où il sera de toute façon inéluctable, qu’il advienne sous la forme d’une décroissance contrôlée ou d’un effondrement.

Notre responsabilité

Le monde de l’enseignement supérieur et de la recherche est tout particulièrement concerné par cette situation, à deux titres contradictoires.

D’abord parce qu’il a passé des décennies à aider, volens nolens, la survenue de la catastrophe, en fournissant au système techno-productiviste qui l’a causée ses outils et ses élites.

Ensuite parce qu’il a, en parallèle, produit la connaissance scientifique permettant de documenter les changements massifs des écosystèmes terrestres en cours depuis des décennies. Les progrès du savoir sur ces sujets sont forcément pluridisciplinaires et ont impliqué un grand éventail de disciplines scientifiques (sciences de l’atmosphère, des océans, des écosystèmes, physique, chimie, biologie, géographie, modélisation numérique, économie, histoire, philosophie …) Depuis le Message de Menton en 1971, de plus en plus de scientifiques, en mesurant l’ampleur des bouleversements subis par le système Terre, se sont transformés en lanceurs d’alerte.

Aujourd’hui, la responsabilité de l’enseignement supérieur est engagée dans sa mission la plus fondamentale : la préparation de jeunes individus à l’entrée dans la vie adulte.

Les transformations du monde vont causer a fortiori des bouleversements dans les sociétés, dans le monde économique, dans le monde du travail. Dans ce contexte, inédit dans toute l’histoire, la dernière des choses à faire est de se cacher la tête dans le sable, de continuer à enseigner les mêmes choses et de la même manière qu’il y a vingt-cinq ans, et de préparer les jeunes à un monde en voie de disparition.L’enseignement supérieur a l’impérieuse responsabilité de présenter aux étudiant·es le monde tel qu’il est en train de se transformer, pour des raisons à la fois pratiques (ces transformations vont affecter tous les secteurs du savoir et de l’économie), et éthiques (la mission de l’enseignement supérieur n’est pas uniquement de formater des individus employables, mais d’émanciper de jeunes individus en leur donnant les moyens de comprendre le monde qui les entoure et ses enjeux).

Rassembler des initiatives

De nombreux chercheur·es, enseignant·es-chercheur·es, ingénieur·es, technicien·nes, cadres pédagogiques de l’enseignement supérieur, ont abouti chacun de leur côté au constat de fait et à l’impératif de responsabilité énoncés ci-dessus, et ont lancé diverses initiatives, pouvant toucher aussi bien les enseignements proprement dit que des projets étudiants.

La première édition du colloque ETES, à Paris, en juillet 2023, leur a permis de se rendre compte qu’ils et elles n’étaient pas seuls, et que les initiatives d’enseignement des enjeux écologiques et socio-écologiques fourmillaient. Elles gagneront à être visibles les unes aux autres, et coordonnées.C’est dans cette dynamique que s’est crée l’Association pour l’Enseignement des Enjeux Socio-Écologiques dans le Supérieur (EESES).

.